samedi 14 février 2009

Dépression et Suicide

En faisant mon entraînement un matin cette semaine, je regardais la télé et ils parlaient des statistiques de suicide. Si j’ai bien compris, le mois de février en est un où le taux est particulièrement imposant.

Je n’ai donc pu m’empêcher de penser au fait qu’il y a quelques années, j’aurais pu faire parti de ces statistiques.

J’entends souvent des annonces à la radio sur la dépression et la perception des gens face à ceux qui font une dépression. N’empêche que c’est une maladie, une maladie grave.

Le plus dangereux avec cette maladie est que les gens ne sont pas toujours conscients que c’est ce qui leur arrive mais pire encore, malgré leur présence et leur amour pour cette personne, les gens qui l’entoure peuvent facilement n’y voir que du feu.

Ce n’est pas une question de méchanceté ou de manque d’intérêt pour la personne, c’est que les signes ne sont pas toujours faciles à distinguer.

Je l’avoue, c’était mon cas. Impossible pour les gens qui m’aiment de savoir dans quel était je me trouvais vraiment.

Tout le monde savait que je passais une période difficile, tout le monde savait que j’avais de la peine mais, lorsqu’ils se trouvaient avec moi, tout semblait ok.

En fait, c’est exactement ce que je voulais qu’ils pensent.

J’imagine facilement que la dépression est différente pour chacun de ceux qui en sont affecté. Par contre mon cas, était sûrement ce qu’on peut appeler de plus classique.

Aussi surprenant que ça puisse paraître, je n’avais aucune idée que je faisais une dépression sévère.

Pourtant, je n’avais plus envie de rien. Même la présence et les caresses de mes enfants me dérangeaient. Je n’avais envie de voir personne et encore moins de parler de ce que je vivais. Mes idées étaient noires et je ne voyais aucune possibilité d’éclairci.

J’avais mal partout. Il n’y avait pas une seule partie de mon corps qui ne souffrait pas et ce n’est pas des aspirines qui auraient pu m’aider.

Seuls, 2 choses me faisait un certain bien, boire et dormir.

Dès que les enfants étaient couchés, j’ouvrais ma bouteille de Grand-Marnier et n’arrêtait de boire que lorsque j’étais trop maganée pour trouver le verre.

J’étais toujours en retard partout car, tout était un effort.

La levée du corps le matin était un martyr. Car non seulement je ne me sentais pas mieux. Non seulement, je souffrais toujours dans ma tête, mon cœur et mon corps mais en plus, j’avais un « hang over » quotidien.

Durant cette période qui a durée une éternité. J’ai pensé au suicide. Non, pas seulement pensé mais en fait, j’avais tout décidée.

Je savais comment j’allais m’y prendre et je savais qu’il était absolument impossible que quelqu’un me trouve à temps.

Dans mon cas, ce n’était pas un cri d’alarme, c’était une délivrance. J’avais en fait l’impression d’être déjà morte en dedans.

Je ne suis pas croyante mais, comme tous, je n’ai aucune idée de ce qu’il y a après la mort. Je suis convaincue qu’il n’y a absolument rien mais, j’avoue avoir pensé à « mais si ». Si je me trompais. Si la vie sur terre n’était en fait qu’une espèce de mise en scène d’un être qui trouve plaisant de nous voir patauger dans ce que nous appelons l’existence.

De toute façon, je m’en foutais carrément. Quoi que soit l’après-mort, il était/est fort probable que j’ai raison et qu’il n’y a rien et, si je trompais, ce ne pouvait être pire que ce que je vivais.

Jamais à ce moment et depuis cette période de ma vie d’ailleurs, je n’ai eu peur de la mort.

Donc, malgré que j’étais consciente qu’il y avait des gens qui étaient dans de bien pire situation que moi, j’avais une théorie (que j’ai toujours d’ailleurs).

Nous savons tous qu’il y a des gens maltraités, qui souffrent, qui n’ont rien à mangé ou qui combattent des maladies graves, pourtant en être conscient malheureusement, n’à que très peu d’impact sur nos propres malheurs.

Je ne me suis jamais senti mieux de savoir qu’il y a pire ailleurs.

N’empêche que j’ai vécu plusieurs semaines, plusieurs mois à me dire, la fin approche. Tu ne souffriras plus Isabelle. Il s’agit d’attendre le bon moment.

Heureusement pour moi, il n’y a pas eu de bons moments. Comment peut-on mettre fin à ses jours lorsqu’on connaît l’impact de cette décision sur nos jeunes enfants.

La seule chose qui m’a tenu est, non pas le goût de vivre mais, la question suivante :

« Comme mes enfants pourront-ils s’expliquer que maman ne les a pas aimé assez? »

Le temps a passé, j’ai réussi à coup de tout petits moments de répit à retrouver une raison de vivre. Même des raisons de sourire.

La souffrance physique et mentale a fini par se dissipée petit à petit.

Ce fût long et pénible.

Maintenant, je suis heureuse d’être en vie. Je réussi à trouver mes petits bonheurs quotidiens.

Par contre, je comprends.

Je comprends très bien la souffrance des gens et la raison des statistiques si élevées de suicide.

Je sais que ce qui m’a empêché de passer à l’acte n’était pas quelque chose que j’ai trouvé à l’intérieur de moi et je remercie la vie de m’avoir donner mes enfants car, c’est grâce à eux que maintenant, je sais reconnaître les bons moments de la vie et que j’ai envie de la vivre pleinement.

Je remercie aussi tout ceux, qui ne le savent probablement pas mais, qui ont permis que je retrouve doucement le goût de vivre.

Malheureusement, tous n’ont pas ma chance.

Je sais maintenant que j’aurais dû aller chercher de l’aide. Mais encore aurait-il fallu que je sois prête à être aidée.

Ce fût le pire moment de ma vie mais, aussi le plus enrichissant.

J’ai réappris à… VIVRE!

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